Axe 1
Palethnologies paléolithique et mésolithique – PALMES
Les recherches développées au sein de cet axe portent majoritairement sur les chasseurs-cueilleurs d’Eurasie avec un accent tout particulier sur l’Europe. On y travaille sur une longue chronologie qui va du Paléolithique ancien au Mésolithique. En raison de l’histoire des études qui y furent et y sont toujours menées, du nombre des acteurs qui y travaillent, le Bassin parisien et ses marges représentent un laboratoire de terrain exceptionnel pour une réflexion sur la détection des sites, leur représentativité et leur conservation ainsi que pour l’élaboration d’une visée palethnologique sur la longue durée. Ces réflexions sont charpentées par de nombreuses opérations de terrain et leurs études de matériel, passées, présentes ou à venir, comme c’est le cas des sites d’Arcy-sur-Cure ou du Closeau et des gisements emblématiques comme les trois grands chantiers écoles que sont Pincevent, Étiolles et Ormesson-les-Bossats. Dans d’autres espaces, proches (Centre, Sud-Ouest de la France ou Belgique) ou plus éloignés (Italie, Allemagne, République tchèque, Slovaquie, Russie européenne, etc.), nous revisitons les cadres chronostratigraphiques pour tenter la démarche palethnographique si caractéristique des travaux menés dans le Bassin parisien. Si ces terrains sont majoritairement européens, l’axe 1 entend néanmoins rompre avec une vision européocentrée qui serait trop réductrice, en se tournant vers des « Préhistoires d’ailleurs ». Celles-ci forment des cadres de réflexions pouvant, selon les cas, être intégrés dans des démarches comparatives ou bien s’entendre comme des développements potentiels de l’axe vers de nouveaux horizons.
Du Paléolithique ancien au Mésolithique : un observatoire sur le temps long, le Bassin parisien
Le Bassin parisien bénéficie depuis plus de 60 ans de réseaux actifs de recherche sur le Paléolithique et le Mésolithique, associant amateurs et professionnels. De nombreux programmes d’archéologie programmée conduits par des membres de l’UMR s’adossent désormais aux opérations d’archéologie préventive, donnant lieu à la constitution d’une banque d’archives (sédimentaires, archéologiques, historiques, etc.) qui s’échelonnent depuis le Paléolithique ancien jusqu’au Mésolithique. Au cœur de cette base documentaire, la fouille de gisements aux conditions d’enfouissement et de conservation extrêmement propices (Gron, Ormesson, Mareuil-sur-Cher, La Picardie, Etiolles, Pincevent, Le Closeau, Farman, etc.) permet d’appréhender, dans une perspective multi-scalaire, l’organisation techno-économique et sociale des groupes de chasseurs-cueilleurs, le fonctionnement de leurs occupations, le rythme des changements et leur relation avec les milieux fréquentés et exploités. Pour le Paléolithique ancien et moyen, il s’agit en premier lieu de fédérer et développer les recherches en s’interrogeant sur la façon dont les données du Bassin parisien s’intègrent dans le panorama des traditions techniques de cette longue période. Pour le Paléolithique supérieur et le Mésolithique, le degré d’observation s’affine, permettant d’aller au plus loin dans l’analyse des comportements des groupes et même des individus.
Ces recherches s’inscrivent donc dans deux dimensions : synchronique avec une perspective palethnologique affirmée ; et diachronique à travers l’étude de la variabilité des comportements sur les temps court, moyen et long en visant leur ordonnancement « paléohistorique » si possible. Ces bases posées, on peut alors réinterroger des collections et des gisements moins bien conservés, ou aux conditions de fouille plus variables (cf. fouilles anciennes). C’est le cas des abris et des grottes (par ex. de la vallée de la Cure et du massif de Fontainebleau), exploités trop tôt et qui, bien que moins nombreux que les sites de plein-air au sein de ce territoire, leur sont complémentaires. Les nombreux programmes collectifs associés, portant sur des thématiques plus ou moins ciblées structurent de façon dynamique ce territoire constituant un observatoire idéal : PCR « Du dernier maximum glaciaire à l’optimum climatique dans le Bassin parisien et ses marges » ; PAS « Recherches archéologiques préventives dans le Bassin parisien du Pléistocène à l’Holocène : chronologie, caractérisation culturelle et fonctionnement des sites » ; PCR « Art rupestre préhistorique dans les chaos gréseux du Bassin parisien » ; PCR « Matières premières du Bassin parisien : les silex cénozoïques d’Ile-de-France » et enfin divers programmes sur les cavités de la vallée de la Cure.
Singularités régionales et courants culturels transcontinentaux dans une Europe aux frontières mouvantes
Nous confronterons différents terrains d’étude et différentes temporalités de la Préhistoire du continent européen, considérée alors dans sa dimension plurielle (culturelle, géographique, environnementale et démographique). À travers différentes échelles d’analyses, en croisant la diversité des registres archéologiques (industries lithique et osseuse, faune, art, parure, habitat) et sédimentaires, nous travaillons à analyser les mécanismes socio-économiques et les processus historiques à l’œuvre sur le temps long. Il s’agit d’étudier comment, au sein d’ensemble(s) chrono-culturel(s) défini(s) comme cohérent(s), les communautés humaines se sont structurées et ont évolué. On considérera, par exemple, la coexistence et/ou la succession de traditions techniques homogènes ou hétérogènes au regard de leur emprise spatiale, des écosystèmes associés et, éventuellement, des données anthropologiques et paléogénomiques. La (re)composition des traditions techniques sera un des prismes choisis pour explorer ces dynamiques culturelles. Quatre aires géographiques sont privilégiées : l’Europe centrale (sud de l’Allemagne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie), l’Europe orientale et ses marges (Russie, Roumanie), le nord de la Méditerranée occidentale (Italie, Espagne) et le nord-ouest de l’Europe (France, Benelux, Royaume-Uni, Allemagne du Nord). Plusieurs problématiques seront explorées selon différents gradients d’analyse, conditionnés par la qualité de la documentation et l’état de l’art : (1) Comment identifier des marqueurs techniques à valeur de diagnose culturelle (objets, chaînes opératoires, savoir-faire, etc.) ? ; (2) Quels critères permettent d’identifier des « courants culturels » transrégionaux voire paneuropéens ou, a contrario, des singularités régionales ? Ces dernières sont-elles nécessairement l’expression de fonctionnements plus autarciques et de l’existence éventuelle de « frontières » ? Peut-on mettre en évidence des « zones refuges », des « carrefours culturels » voire des espaces de « métissages » marqués par de véritables syncrétismes techniques ou, a contrario, des espaces marqués par des inerties ? ; (3) Comment traiter de la variabilité, de l’évolution, du maintien ou de la dilution d’identités culturelles en tenant compte de l’arythmie des différents systèmes (techniques, économiques, symboliques) ? Et comment – par l’analyse des mécanismes qui les sous-tendent (apparitions, diffusions, mutations, transmission ; ruptures/stabilités) – peut-on proposer des hypothèses en termes de dynamiques culturelles ? ; (4) En dehors de toute conception déterministe, quels rôles (subtils ou majeurs) jouent les changements climatiques et environnementaux dans la diversité des traditions techniques ainsi que les phénomènes d’expansion/contraction que nous observons ?
Unité, cohérence et représentativité des sites : la palethnologie à quelles conditions ?
Dès ses origines, l’approche palethnologique fut guidée par l’ambition d’une compréhension globalisante des systèmes culturels préhistoriques, reliant les productions techniques à l’organisation sociale des groupes humains. Cette ambition s’est concrétisée dans l’analyse intra-site d’un contexte en particulier, celui des campements tardiglaciaires remarquablement préservés dans les dépôts fluviatiles fins des fonds de vallée du Nord-Ouest de l’Europe. Divers outils analytiques, comme les remontages ou le décryptage des structures latentes, ont permis de démontrer la contemporanéité des ensembles étudiés, déjà rendue perceptible par la polarisation des vestiges autour de structures domestiques comme les foyers. Plusieurs décennies après, les analyses à portée palethnologique se sont largement répandues au-delà des sites où elles ont été initialement mises en œuvre et se sont enrichies d’analyses taphonomiques aujourd’hui incontournables dans l’appréciation des degrés de perturbation d’ensembles archéologiques. Ces recherches se sont développées sur des sites de toutes périodes et mènent à différents niveaux de restitution/compréhension des activités humaines selon la nature des vestiges présents et la conservation des sites. Ce sous-axe de recherche entend rendre compte de la grande diversité des cas de figure rencontrés depuis le Paléolithique ancien jusqu’au Mésolithique. Il vise à les confronter de façon à construire des ponts méthodologiques permettant une extension raisonnée de l’ambition palethnologique, à partir des grilles d’analyses technologique, taphonomique et spatiale adaptées aux vestiges dans leur diversité.
Préhistoire(s) d’ailleurs
Si l’Europe constitue le terrain favori de l’Axe 1, les forces vives du laboratoire recèlent aussi d’autres compétences relatives aux chasseurs-cueilleurs nomades d’autres régions du monde (Israël, Syrie, Pakistan, Ethiopie, etc.). Cette altérité a toujours tenu une place privilégiée dans les démarches des deux figures fondatrices des équipes « Ethnologie préhistorique » et « Préhistoire et Technologie », André Leroi-Gourhan et Jacques Tixier.
Nous proposons de perpétuer cette ouverture et d’aller regarder au-delà des frontières de la France et de l’Europe, de se décentrer pour stimuler échanges et réflexions en se confrontant à d’autres contextes, à d’autres traditions académiques. Ce mouvement initié dès la fondation de nos équipes se perpétue aujourd’hui et conduit fréquemment à des échanges internationaux avec l’accueil de collègues ou d’étudiants étrangers ainsi qu’à la naissance de nouvelles collaborations enrichissantes, voire de nouvelles pistes de recherche dans des domaines géographiques parfois peu explorés par la recherche archéologique française.
Ce sous-axe vise donc à la fois à nourrir l’ambition commune d’une archéologie préhistorique la plus large possible et à entretenir un espace d’accueil et d’échange pour tous les collègues déjà spécialistes de zones qui ne font pas nécessairement partie des affichages aréaux du laboratoire (et pour celles et ceux qui aspirent à se spécialiser sur ces nouvelles aires). Que ces recherches portent sur le Paléolithique ou le Mésolithique de diverses zones de l’Afrique, de l’Asie, du Proche-Orient, ou d’autres aires géographiques, ce sous-axe vise l’éclosion de nouvelles perspectives, voire de nouvelles thématiques et il est ouvert à tous ceux désireux de confronter états des lieux, points de vue, connaissances et méthodologies tout en tissant des liens étroits entre enseignement et recherche.
Liste des programmes de recherche en cours
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L’Italie paléolithique : peuplement et traditions techniques
2022-2026Programme de l’école française de Rome -
G3ARC : “GéoARChéologie et ARChéologie des grottes préhistoriques du massif d’ARCy-sur-Cure/Saint-Moré (Bourgogne Franche-Comté, France) : des objets archéologiques aux trajectoires humaines collectives”
Nejma Goutas, Onfray M.2021-2023AP MAE/MSH Mondes -
« Anthrop’Arc » (contrat post-doctoral)
2019-2021DIM Matériaux Anciens et PatrimoniauxN. Goutas (Resp. UMR Temps) et B. Buob (Co-resp. LESC) -
Pincevent MANA : Pincevent – Mémoires Archéologique, Numérique et Audiovisuelle (Labex Les passés dans le présent, COMUE Paris-Lumière – aide de l’état gérée par l’ANR-11-LABX-0026-01)
2020-2023Contrats financés dans le cadre du PIA – LabEx “Les Passés dans le Présent” -
Entre passé lointain et avenir : la matérialité des paysages archéologiques dans la construction du patrimoine et de la mémoire historique. Le cas du chantier-école de fouilles d’Arcy-sur-Cure (Yonne), 1946-1963
(Labex CAP, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Post-doctorat)2019-2021Contrats financés dans le cadre du PIA – LabEx “Les Passés dans le Présent” -
GT “Territoires culturels et circulations des sociétés anciennes” du LabEX DynamiTe
Ludovic Mevel, Gomart L., Pereira G.2020-2025ANR -
Fouilles du site d’Ormesson, SRA Ile de France
2009-en coursMinistère de la Culture -
Fouilles du site de Pincevent (La Grande Paroisse), SRA Ile-de-France
2017-2022Ministère de la Culture -
Fouilles à la Grotte à la Peinture, SRA Ile-de-France
2020-en coursMinistère de la Culture -
PCR « Du dernier maximum glaciaire à l’optimum climatique dans le Bassin parisien et ses marges » (Interrégion Centre-Nord )
2019-2021Ministère de la Culture -
PCR : « Art rupestre préhistorique dans les chaos gréseux du Bassin parisien. Étude, archivage et valorisation (Interrégion Centre-Nord )
2017-en coursMinistère de la Culture -
PCR : « Matières premières du Bassin parisien : les silex cénozoïques d’Ile-de-France » (Interrégion Centre-Nord )
2018-en coursMinistère de la Culture -
Projet “MAT PAR”
2021-2023DIM Matériaux anciens et Patrimoniaux -
Vers Arcy (AAP Politique scientifique, financements crédits spéciaux UMR, financements équipe, commune Avallon, Auxerre)
2015-en coursProjets financements autres -
Les expressions symboliques chez les chasseurs-cueilleurs terrestres et maritimes de « Fuego-Patagonia » (Chili) : techniques et codes visuels de l’art rupestre
2020-2021Fondart, Chili -
Matières premières siliceuses entre Rhin et Escaut: constitution d’une lithothèque aux normes internationales, (UFA, Manifestations scientifiques de l’Université franco-allemande)
Scharl S., Solène Denis Collin J.-P.2022-2023Autres contrats européens -
APP ” Le Blot. Etudes et Travaux”
Vincent Delvigne, J.P. Raynal2019-en coursMinistère de la Culture (APP) -
PCR ” Réseau de lithothèques en région Centre-Val-de-Loire”
Vincent Delvigne, P. Fernandes, R. Angevin, H. Lethrosne2016-en coursMinistère de la Culture (PCR) -
PCR ” Réseau de lithothèques en région Auvergne”
P. Fernandes, Vincent Delvigne, E. Vaissié2006-en coursMinistère de la Culture (PCR) ; Collectivités territoriales (cf. départements) -
PCR ” Réseau de lithothèques en région Aquitaine”
A. Turq P. Fernandes Vincent Delvigne A. Morala2017-en coursMinistère de la Culture (PCR) -
Fouilles du site de la Grotte Bouyssonie, SRA Limousin
Vincent Delvigne, Emilie Lesvignes, M. Langlais2019-en coursMinistère de la Culture, Ville de Brive la Gaillarde/Musée Labenche -
Fouilles de la grotte Gatzarria (Pyrénées-Atlantiques)
Lars Anderson, Deschamps M.2017-en coursMinistère de la Culture -
Fouilles de l’abri d’Aurignac II et recontextualisation du vallon du ruisseau de Rodes
Lejay M., Lars Anderson2018-en coursMinistère de la Culture -
Milieux (péri-)glaciaires et stratégies des populations
Olivier Bignon-Lau, Moine Olivier (LGP)2020-2024LabEx DynamiTe, programme « investissements d’avenir », géré par l’université Panthéon-Sorbonne -
Fouilles du site d’Etiolles (Les Coudray, Essonne)
1972-en coursMinistère de la Culture; SRA Ile-de-France