Décès de Françoise Audouze

Portrait de Françoise Audouze

Françoise Audouze, née en 1943, nous a quittés le 12 août.

Avec la disparition de Françoise Audouze, c’est un membre de notre histoire collective qui s’en va. Décrire sa place dans notre communauté, c’est décrire l’histoire de l’archéologie depuis près de trois quarts de siècle. Car elle fut, avec rigueur, de tous les moments importants, tant du point de vue politique que du point de vue scientifique.

Françoise a fait toute sa carrière au CNRS. D’abord spécialiste de l’âge du Bronze, elle est devenue spécialiste du Magdalénien à travers la fouille et l’étude du site de Verberie qu’elle a porté pendant de longues années. Suite à plusieurs séjours aux Etats-Unis, elle était très liée à l’école anglosaxone comme à la New Archaelogy, et s’est inspirée des modèles de Bindford pour interpréter ce campement de chasseurs de rennes.

Elle fut le témoin actif de l’épopée Leroi-Gourhan et a rédigé, en 2011, à l’intention des jeunes et moins jeunes collègues de notre équipe, un texte très instructif sur le développement des recherches d’A. Leroi-Gourhan dans les années 70-80 et leur impact jusqu’à aujourd’hui. Participant activement des évolutions du Laboratoire d’Ethnologie Préhistorique, auquel elle est toujours restée fidèle, Françoise a aussi entretenu un fort lien avec l’UMR Préhistoire et Technologie. Toujours présente dans les discussions théoriques autour de la vie de son laboratoire, elle a soutenu notre choix de fusion, lequel a abouti à la création de l’UMR TEMPS en 2022.

Entre 1988 et 1997, elle a dirigé le Centre de Recherches Archéologiques (CRA) de Valbonne du CNRS avec ses 12 implantations nationales. Elle a ainsi joué un rôle important dans la réflexion collective nationale sur les évolutions de la recherche en archéologie et préhistoire ainsi qu’à la transformation des structures de recherches en lien avec leur rattachement aux universités. Elle avait alors lancé une réflexion, puis une négociation, devant le souhait du CNRS de modifier drastiquement, par des suppressions et de nouvelles répartitions des personnes et des moyens, le service de la recherche représenté à Valbonne et dans ses différentes antennes. Ce processus vertueux a conduit à la création du CEPAM (Centre d’Etudes Préhistoire Antiquité Moyen Âge, devenu récemment Cultures et Environnements Préhistoire Antiquité Moyen Âge).

Siégeant au Comité National, elle a promu les études environnementales encore balbutiantes. Elle fut un membre actif de la création de la revue Les Nouvelles de l’Archéologie qui, à une époque où n’était pas généralisé l’Internet, informait sur la politique de la recherche en archéologie comme le devenir des archéologues, et qui a joué un rôle important dans la création de l’INRAP.

Verberie a été un des piliers de sa bataille contre la maladie, tant était grand son souci du devenir de cette publication qu’elle n’a pas eu le temps de mener à terme ; elle a été très touchée de savoir que des membres de l’équipe étaient prêts à relever le flambeau grâce aux documents qu’elle leur a transmis récemment pour mener Verberie là où elle voulait l’emmener.

Elle est restée jusqu’au bout formidablement telle qu’en elle-même, toujours attentive au devenir de chacun, généreuse de son temps et de ses conseils. Encore récemment, elle appréciait de venir au laboratoire travailler à côté de jeunes.

Elle manquera à son laboratoire et à la communauté scientifique.

UMR8068 Technologie et Ethnologie des Mondes PréhistoriqueS

 

 

Vous trouverez sur Canal-U un excellent entretien entre Françoise et Gwendoline Torterat réalisé en 2020 dans le cadre d’une série audiovisuelle sur les Mémoires en partage : https://www.canal-u.tv/chaines/umrtemps/pincevent-france/francoise-audouze-nanterre-2020