Julien Treuillot

Domaine de recherche

Mes recherches s’intéressent aux comportements techniques des sociétés humaines du début de l’Holocène, à mesure des variations climatiques qu’elles ont traversées ; et portent plus particulièrement sur l’étude de leurs productions en matières dures d’origine animale.

Elles s’intègrent dans une dynamique de restitution des organisations économiques et des structures sociales propres aux groupes étudiés, associant à la fois à ma réflexion des séries issues de contextes domestiques et funéraires. Ce faisant, ce sont d’abord les trajectoires des dernières communautés de pêcheurs-chasseurs-cueilleurs de l’Europe de l’Est que j’ai explorées (Treuillot, 2013, 2016, 2018, 2019), avant d’élargir le cadre chronologique de mes recherches, pour interroger les processus de spécialisation artisanale, d’abord au sein des sociétés en voie de néolithisation dans les plaines d’Europe de l’Est (Kostyleva et al., 2015 ; Treuillot et al., 2022), avant de m’intéresser aux cultures de l’Âge du Bronze (Treuillot, 2019), avec un intérêt particulier pour la Baltique orientale.

Des derniers pêcheurs-chasseurs-cueilleurs de Russie centrale …

Au sein des groupes de la fin du Mésolithique et des sociétés en voie de néolithisation de Russie centrale, le travail des matières dures d’origine animale tint une place centrale. Etudier les principes qui régissent cette activité m’a permis – dans le cadre de ma recherche doctorale – d’identifier une dynamique de développement technique sans précédent, qui ne se limite pas aux seules industries osseuses. Lors de l’optimum Atlantique ce sont de nouvelles économies qui émergent, plus spécialisées, en lien avec l’exploitation des lacs et rivières de la région qui favorisent l’édification de pêcheries stationnaires. Sur fond de changement économique et d’évolutions techniques, les productions se standardisent tandis que l’organisation des groupes semble se complexifier avec, notamment en Carélie, l’apparition de cimetières, comme celui de Yuzhniy Oleniy Ostrov, qui regroupe plus de 170 tombes, dont nous étudions les dépôts de pointes de projectile dans le cadre de l’ERC Animal Makes Identities dirigé par K. Mannermaa.

… aux sociétés de l’Âge du Bronze dans la Baltique orientale

Au cours de l’Âge du Bronze, la fabrication des objets en matières dures d’origine animale continue à tenir une place importante dans les économies, en particulier dans ces régions d’Europe de l’Est qui sont distantes des sources de métal et de roches de bonne qualité. Pour autant, les objets qui résultent de ces productions – des outils domestiques et des biens de prestige -, tout comme les principes qui régissent leur fabrication demeurent mal connus, bien qu’une partie du matériel ai fait l’objet de publications (voir notamment H. Luik). Depuis quelques années, les recherches de terrain sur les occupations de hauteur (hilltop phenomen), en Lituanie et en Estonie, en permettant de mettre au jour de nouveaux corpus crée toutefois une nouvelle dynamique, qui dépasse largement le champ des études sur les industries osseuses en interrogeant en particulier le phénomène des sites ceinturés (voir notamment Lang, 2007 ; Merkevičius, 2022 ; Podénas, 2022 ; Sperling, 2022). C’est grâce à ces nouvelles découvertes que nous sommes aujourd’hui en mesure d’interroger avec plus de pertinence la place de cette activité dans les économies des communautés de la Baltique orientale, tout en questionnant l’émergence d’un artisanat spécialisé, questionnement aujourd’hui central pour les contextes des sites fortifiés (Luik, 2022). Ces sites, qui émergent au tournant du Ier millénaire, entre 1100 et 400 BC, et en particulier lors du « plateau hallstattien » (Podénas, 2019), sont au coeur de nos problématiques de recherche. Les séries qui y ont été mise au jour constituent des marqueurs forts pour l’étude d’une activité économique singulière qui a toute sa place dans la réflexion en cours sur les dynamiques régionales propres à l’émergence d’élites dans la Baltique orientale à un moment où le climat devint plus froid et plus humide, ainsi que pour mieux cerner la place de ces communautés dans le paysage culturel européen de la fin de l’Âge du Bronze et du début de l’Âge du Fer (Čivilytė, 2022 ; Kristiansen, 2022).

Domaine d'enseignement

Depuis la rentrée 2022, je suis en charge des enseignements de Préhistoire et Protohistoire à Lyon 3. Je dispense les cours magistraux en Patrimoine (M1), Protohistoire (L3), Préhistoire récente (L2) et Préhistoire ancienne (L1) à l’université Lyon 3.

Enseignant dans le secondaire, j’ai également à cœur de diffuser les savoirs sur la Préhistoire, notamment en tant que relecteur scientifique pour des éditions scolaires. J’interviens également en université dans le cadre de séminaires à Paris 1, Paris 10 et Lyon 2 sur la Préhistoire européenne et les Industries osseuses.

Programmes de recherche

Depuis 2020 – membre du programme ERC CoG Animal Make Identities. The social Bioarchaeology of Late Mesolithic and Early Neolithic Cemeteries in North-East Europe (dir. Mannermaa Kristiina, Université d’Helsinki). Rôle : analyse technologique des armatures en os du cimetière d’Oleni Ostrov.

Bibliographie sélective